• David Fincher, le prince des ténèbres (par Tony)

    Comme, vous le savez, Gone Girl est une nouvelle réussite pour Fincher (voir la critique de Jordan). Pour fêter l'occasion, penchons-nous sur la filmographie de cet ancien clippeur devenu l'un des rois du cinéma.

     

    En 1992, David Fincher a dix ans d'expérience de clippeur. La Fox lui propose alors l'opportunité de réaliser son premier film, et pas des moindres : Alien 3. Mais ce n'est que le début des emmerdes pour Fincher. Quand le tournage commence, le script n'est pas fini. De plus, l'ambition de Fincher est d'aller à l'exact opposé d'Aliens, chose qui ne plaît pas vraiment au studio. La communication se détériore entre Fincher et la Fox. La coupe est pleine lorsqu'il est viré lors de la post-production. En résulte donc un étrange sentiment lors du visionnage. Si on peut remarquer la patte de Fincher (plus sombre, plus sanglant, personnages torturés moralement, photo d'exception et bad ending), il reste beaucoup de tâches (l'Alien en numérique et un scénario qui part  en couilles). Aujourd'hui, cela reste un sujet douloureux pour lui.

     

    En 1995, New Line choisit Fincher pour mettre en images le scénario ultra-vicieux d'Andrew Kevin Walker. Il faut savoir qu'il a fallu le réécrire huit fois, le principal problème étant la fin, que le studio cherche à changer. Fincher décide de revenir à la première version et engage Brad Pitt, Morgan Freeman, Gwyneth Paltrow et Kevin Spacey. Contre toute attente, le film est un carton (ce n'était pas gagné, vu le sujet) et apporte une certaine notoriété à Fincher.

     

    Après avoir accepté de mettre en scène le thriller The Game, il se lance en 1999 dans l'adaptation du roman de Chuck Palahniuk. Retrouvant Brad Pitt, le film raconte la vie d'un homme solitaire (au sens large) entraîné dans le Fight Club, lieu clandestin dirigé par Tyler Durden (doit-on préciser que ce sont des sports de combat illégaux ?). Là encore, les problèmes arrivent lors du montage, l'équipe marketing ne souhaitant pas vendre un film aussi sale et violent. Résultat : bide. Mais, lors de la sortie en DVD, le film devient vite culte et assoit la réputation de Fincher (note : les effets visuels furent supervisés par Carlos Saldanha, futur réalisateur de L'Age de Glace et Rio, ça ne s'invente pas).

     

     En 2002, Fincher prend en charge le thriller claustrophobe Panic Room avec Jodie Foster, Kristen Stewart, Forest Whitaker et Jared Leto. Trois cambrioleurs pénètrent dans la maison avec la ferme intention de dérober un butin. Il se trouverait dans la fameuse "panic room" qui, manque de pot, est l'endroit où se cache une mère et sa fille. Fincher veut cette fois pousser l'image à ses limites. Il décide donc de tourner en plans-séquences pour rendre encore plus prégnant le sentiment de claustrophobie. Arrive donc une séquence qui suscita un vive débat au sein de la critique : la caméra passe à travers l'anse de la cafetière. Chose que l'on voit maintenant un peu partout. Vous avez dit visionnaire ?

     

     

    Cinq ans après Panic Room, Fincher s'intéresse cette fois au tueur du Zodiaque, l'équivalent américain de Jack l'Eventreur. Jack Gyllenhaal incarne Robert Graysmith, dessinateur de presse ayant consacré dix ans de sa vie à la traque du mystérieux tueur. Entouré d'un casting solide (Mark Ruffalo, Robert Downey Jr.) et bénéficiant d'un scénario solide, Fincher ajoute une pierre de plus à son imposant édifice. A cause d'une campagne marketing désastreuse, le film fut un échec. Pas vraiment ce qui arriva à son prochain film.

     

     Un film rêvé depuis 40 ans, un budget énorme (150 millions), un tournage dantesque (150 jours),... On pourrait écrire tout un livre sur cette adaptation de la célèbre nouvelle de Francis Scott Fitzgerald. Fincher sublime sa mise en scène, les effets visuels sont sans doute les plus incroyables jamais vus, Brad Pitt et Cate Blanchett n'ont jamais été aussi formidables. Le plus gros carton de la carrière de Fincher. Comment pouvait-il faire mieux après cela ?

     

    Et bien il l'a fait ! The Social Network s'intéresse à la naissance de Facebook. En s'associant avec le scénariste Aaron Sorkin, Fincher révolutionne l'art du champ-contrechamp (la scène d'ouverture). Les interprétations de Jesse Eisenberg et d'Andrew Garfield sont sidérantes, Armie Hammer est étincelant dans le rôle des frères jumeaux Winklevoss. On a jamais vu un casting aussi brillant. La direction d'acteurs de Fincher n'y est pas pour rien (il faisait au moins 50 prises et la scène d'ouverture a nécessité 99 prises !). Formidable accueil critique, succès public et trois Oscars à la clé.

     

    Il était normal que le roman de Stieg Larsson tape dans l’œil de Fincher. Petit problème : il y a déjà eu un film avant. Son remake, s'il n'est pas exempt de qualités (la mise en scène de Fincher, la musique de Trent Reznor et Atticus Ross) pose un souci : pourquoi aller voir un copier-coller du film original si ce n'est pour voir Daniel Craig monolithique ? Un bel échec (il ne fallait peut-être pas le sortir à Noël) mais pour autant l'idée d'une suite n'est pas abandonnée.

    On en vient enfin à Gone Girl. Alors que Fincher voit son adaptation de Vingt Mille Lieues sous les mers tombée à l'eau (jeu de mots stupide) et après avoir remaké avec brio la série House Of Cards , l'adaptation du roman de Gillian Flynn était du tout cuit pour lui. Je vous conseille de vous reporter à la critique de Jordan pour voir son avis à chaud.

     

    Voila, j'espère que cet article vous aura permis de cerner la filmographie de David Fincher et que vous aurez envie de découvrir ses films.

    Je n'évoquerais pas la série House Of Cards que Fincher a produit, je la laisserais à mon collègue chroniqueur. 


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