Jordan : Désolé pour cette longue absence mais vos fidèles serviteurs profitaient de leurs vacances et des nombreux films sortis en salle. Mais nous allons nous rattraper, ne vous inquiétez pas. Et pour commencer ce récap de l'été, quoi de mieux que de parler de l'un des blockbusters les plus attendus de l'année ?

Tony : Il n'y avait pas mieux comme affiche ? Elle est pixellisée à mort !

Jordan : Moi tu sais, les pixels... J'ai pris la première affiche que j'ai vue.

Tony : On voit que les vacances t'ont fait du bien. Tsss... Bref, parlons maintenant du film. Comme son titre l'indique, ceci est la suite du premier Avengers, sorti en 2012 et carton monstrueux au box-office.

Jordan : Le premier opus était, à bien des niveaux, excellent. Il offrait un parfait contrepoint à la noirceur des Batman de Christopher Nolan (comprenez qu'il était incroyablement fun), arrivait à rassembler une multitude de super héros et à les faire harmonieusement exister, ce qui au départ relevait de la gageure.

Tony : Le pari avait été relevé haut la main par Joss Whedon. Le film était brillant, très drôle, décomplexé : c'était un bon moment. Ces mots ne sont pas de moi mais du réalisateur. Ce dernier a d'ailleurs déclaré, à propos du 2, qu'il voulait faire un film en tout point différent du premier. Avec ce deuxième film, Joss Whedon a-t-il contredit le dicton selon lequel la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit ?

Jordan : Sans faire de suspens, on peut dire qu' effectivement, la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Joss Whedon voulait faire un film différent du premier ? D'un point de vue qualitatif, c'est réussi car on est loin, mais alors très loin du niveau du premier opus. En fait, le principal problème d'Avengers : Age of Ultron, c'est qu'il est plus un film de transition vers la Phase 3 de Marvel Studios qu'un film se suffisant en tant que tel, comme l'était Avengers. Que ce soit dans l'opposition naissante entre Captain America (joué par un Chris Evans plus fade que jamais, ****** où est passé l'acteur charismatique et puissant de Snowpiercer ???) et Iron Man (Robert Downey Jr, qui fait ce qu'il fait de mieux, à savoir du Robert Downey Jr : gouaille, blagues, ironie, sens de l'humour, rien de nouveau quoi), ou dans la présentation des Pierres de l'Infini (qui n'apporte pas grand chose à l'intrigue), tout est fait pour nous préparer à cette Phase 3.

Tony : Et il est là, le nœud du problème. Joss Whedon n'a pas su (pas pu ?) se défaire du MCU (Marvel Cinematic Universe, pour les profanes) comme il avait su le faire dans le premier Avengers. L'univers partagé de Marvel devient plus important que l'histoire en elle-même, ce qui de facto nous désintéresse totalement de ce qui se déroule sous nos yeux. Tu me diras, ce qui se déroule sous nos yeux fait plutôt pitié, à mon humble avis. En fait, c'est peu ou prou le même schéma narratif que TOUS les films Marvel de la Phase 2 : on nous montre les héros qu'on avait découverts dans la phase 1 dans une grosse séquence introductive, puis discussions, puis arrivée du méchant (qui veut dominer/détruire/purifier le monde, dans le cas de Ultron, c'est détruire le monde), puis tensions entre les personnages (disputes, une séquence d'action bien entendu, ici l'inutile combat entre Hulk et Iron Man), puis les héros subissent une "défaite", ils vont se ressourcer dans un endroit sûr, nouvelles discussions, et enfin grosse séquence finale, avec un gros truc qui chute du ciel. Et j'allais presque oublier la séquence post-générique.

Jordan : Tu schématises, là.

Tony : Pas tant que ça. Revoie Iron Man 3, Captain America 2, Thor 2 : c'est le MÊME schéma narratif !

Jordan : Changeons de sujet. On parle un peu d'Ultron ?

Tony : Qu'est-ce que tu veux dire sur ce personnage ?

Jordan : C'est pas vraiment le personnage en tant que tel qui m'intéresse (car il n'a que peu d'intérêt) mais le traitement qui lui est réservé et l'incarnation de James Spader.

Tony : Je t'écoute.

Jordan : Déjà, ce qui m'a dérangé, et c'est une tare que partage TOUS les méchants de Marvel Studios, c'est qu'il n'a pas de psychologie. Comme tu l'as dit plus haut, ce qu'il veut c'est détruire le monde sous prétexte que l'humanité détruirait la Terre. En soi, ça peut être intéressant. Mais la façon dont il exprime ses pensées sonne faux, pas aidé il est vrai par les dialogues peu inspirés de Joss Whedon. Sa psychologie est alors réduite à une simple volonté de destruction du monde. Je repense à Kingsman, sorti cette année, et je me dis que le personnage campé par Samuel L. Jackson, Richmond Valentine, a la MÊME idée que Ultron : il veut sauver le monde en détruisant l'humanité. Mais le traitement dans Kingsman est nettement plus fun et malin que  dans Avengers : Age of Ultron.

Tony : On est d'accord.

Jordan : Pour évoquer l'interprétation de James Spader, je dirais qu'il fait le job, qu'il s'amuse avec le personnage, ce qui est un (léger) motif de satisfaction.

Tony : Ok. Je te parlerais bien du personnage d'Hawkeye, dont on apprend qu'il a une jolie petite famille et qu'il vit dans une petite ferme  mais je risque de m'écrouler de rire. Donc je m'abstiendrai. 

Jordan : Ca, c'était marrant, c'est vrai. Mais je ne pense pas que c'était intentionnel. Quant aux personnages des "jumeaux" et de la Vision, ils n'apportent rien à l'intrigue mais apparaissent en prévision de la Phase 3.

Tony : Sauf un.

Jordan : Chuuuuuut.

Tony : Pour conclure, je dirais que Avengers : Age of Ultron mérite bien

Jordan : C'est un divertissement Marvel, donc ça détend mais, d'un point de vue cinématographique, c'est un échec. On sort du cinéma avec une seule pensée : Hulk s'est battu contre un robot géant. C'est tout. Et c'est dommage. J'attends toujours le grand film Marvel Studios.